jeudi 7 juillet 2011

Eloge de la limite

Eloge de la limite, est un recueil de poésie de A. Filo aux éditions Filosphere.

Physiquement, c'est un ouvrage agréable à lire. D'un format A5, couverture brillante représentant une ombre sur un fond (sol ou mur) où apparaît des inscriptions (pas vraiment des mots mais des fragments de mots), comme un support sur lequel on écrirait et réécrirait sans cesse. Le nom de l'auteur et celui de l'éditeur se font discrets, le titre est également assez en retrait. L'image de cette couverture est intitulée "autoportraits par l'auteur". Le dos de l'ouvrage est illustré d'une photo de rocher gris et rose avec une grosse trace noire, comme un vestige d'inscription. La quatrième de couverture nous indique qu'il s'agit d'une seconde édition comportant quelques textes supplémentaires mais sans les photos et musique présentes dans une première édition chez un autre éditeur.

En ce qui concerne le contenu, la quatrième de couverture nous annonce une "poésie étrange, métaphysique ou crue..." Je ne saurais mieux qualifier les poèmes de ce recueil. Sur environ 135 pages, les poèmes se succèdent, plus ou moins longs, plus ou moins poétiques.

C'est une poésie réellement étrange, ni vraiment "classique" ni vraiment loufoque. Elle parle aussi bien de la vie quotidienne que des sentiments. Et c'est ce qui me gêne ici, cet éternel entre-deux : ni vraiment-ceci ni tout à fait celà; à la longue c'est difficile à suivre.

Les poèmes les plus philosophiques le sont tellement qu'il faut se pencher dessus comme sur un devoir de terminale (ah sacrés souvenirs!) pour comprendre un minimum de quoi il s'agit. Ce n'est pas une poésie qui va de soi : on sent l'effort dans les jeux de sonorités, on sent le labeur, ça ne coule pas tout seul. C'est dommage car parfois perce une certaine poésie, celle que j'aime c'est à dire l'inverse du quotidien et du trivial, une poésie qui évade et fais rêver, une poésie qui appelle à nos sentiments et nous fais ressentir les états d'âmes du poète. Ici tout me semble assez plat : l'auteur fait son travail, il écrit... mais rien ne se passe au final pour son lecteur – pour ma part en tout cas, je ne suis pas emportée – et c'est décevant.

Voici deux exemples, le premier est un extrait de poème parmi ceux que j'ai apprécié, qui me parle et le second est un extrait parmi ceux qui m'ont vraiment rebutée.


Les vides et les silences.

[...] Un vent de nulle part
me souffle aux oreilles
qu'il est trop tard
pour accomplir
mes rêves

Que j'avais du temps
et l'ai gaspillé

Que les vides et les silences
étaient plus importants
que le fait de les combler.


Apogée-hurloir

L'intrusion d'un ciel retors
au poids d'incontinences
lacrymales et impudiques

interdits les soubresauts extrudés
de ma bouche
mangeant ma bouche [...]


Je donne à cet ouvrage une note de 3/5, parce que bel objet bien édité (pour les plus) et parce que parfois pas très poétique ou difficile à suivre (pour les moins.)