dimanche 30 décembre 2007

Un Visage pour l'éternité

Un Visage pour l'éternité de C.S.Lewis aux éditions Le livre de poche


Un visage pour l'éternité reprend et transforme le mythe de Psyché. Je l'ai fini hier soir. Tentée par sa couverture et par le nom de l'auteur, ainsi que par les critiques au dos du livre, je pensais lire une fin grandiose. Mais justement, seule la fin est lourde.

Je trouve le procédé original. La reine d'une société médiévale "barbare", élevée par un esclave grec, nous conte l'histoire. C'est une femme laide mais tout à fait empreinte de ce que doit être une femme, qui sait comment se comporter selon son rang de femme. Elle a écrit ce livre, en le construisant comme un procès contre les Dieux: elle y retranscrit sa vie, l'arrivée de l'esclave grec (le Renard), celle de Psyché, sa prise de pouvoir, etc. L'histoire en elle-même je ne vous en dit rien. Mais la fin se veut un peu (beaucoup?) philosophique, se basant sur les idées de sagesse de Socrate: la fantasy et le mysticisme des visions de la reine en est étouffée, la fin tombe un peu à plat.

Note positive quand même pour cet ouvrage peu connu de l'auteur des Chroniques de Narnia, qui a eu l'idée sympathique du récit d'une femme laide, sans nous faire trop ressentir de pitié mais comme si elle était une femme banale.


A la fin du livre, on trouve ce commentaire intéressant:
"[...] Cette réinterprétation d'un mythe ancien a toujours cheminé dans l'esprit de son auteur depuis qu'il était jeune étudiant, prenant consistance et densité avec les années. Ainsi pourrait-on dire qu'il a travaillé à cette oeuvre la plus grande partie de sa vie. Récemment, la version définitive se présenta d'elle-même et les thèmes s'enchaînèrent tout à coup: l'évocation directe d'un royaume barbare, la psychologie d'une femme laide, et d'un double conflit: celui qui oppose entre eux une obscure idolâtrie et un pâle rationalisme, et celui qui les oppose tous deux à la vision; et un dernier thème: la dévastation qu'une vocation, ou même une foi, entraîne dans la vie humaine."

samedi 29 décembre 2007

L'étranger de l'hiver

Tu te demandais, quelle sorte de créature ce froid annonçait.
Tu n’aimes pas ce manteau blanc de janvier
Mais tu offres ton visage au froid mordant du vent.
Tu penses à cette créature, cet être, peut-être pas vraiment humain.

Tu te demandais, quelle sorte de créature ce froid annonçait.
Dans le blanc et le gris tu laisses ton esprit s’évader.
Cet hiver est comme ta vie, immense, froid et infini
Mais tu lui offre ton corps, pour tout effacer, tout oublier.

Tu t’imaginais, quelle sorte de créature ce froid annonçait
Et tu t’imaginais, ce que le froid allait apporter.

Et puis, un mardi, en hiver, dans ce même froid, tu le croiseras.
Ce sera un étranger, mais pas comme tous ces étrangers.
Ce sera un étranger, un exilé de sa terre, un oublié de la vie
Et tu le croiseras, et tu sauras le nom de l’étranger de l’hiver.

Tu sauras sa vie et sa douleur
Il saura tes peines et tes regrets
Et il saura ton désert et ta vie.

Et toi, la fille de l’automne
Sœur du vent et de la pluie
Toi, tu aimeras cet étranger de l’hiver
Maître de la nuit, fils du froid

Et lui, l’étranger de l’hiver
Dont le destin est lié aux étoiles
Lui, il t’aimera.

Alors l’étranger de l’hiver
T’enveloppera, étrangère du jour
Et dans ses habits noirs
Laissera vous engloutir le froid.

vendredi 21 décembre 2007

Nathalie Rheims

« Souvent, près de toi, je restais silencieuse pour n’avoir à te poser cette question qui desséchait les miennes, persuadées que ce non-dit était peut-être le nœud de notre indestructible lien. »

« Qui es-tu.
Inconnue, étrangère
Présence, absence dans le même instant
Sous quels traits t’incarnes-tu
Ceux d’une blonde aux longs cheveux
Au regard dur et froid
Dans une brune
Aux lèvres rouges et au corps alangui
Sous la rousse chevelure d’une madone
Au visage parfait
Ne laissant place qu’au marbre
Et à la terre
Qui sur nous se refermera »

« Je nous revois tous ensemble, riant dans un halo, lumière claire de l’insouciance, étrangers à la lame de fond qui allait implacablement emporter nos amours les plus proches, métronome aveugle, indifférent à la douceur des jours, je voudrais tant que revienne la tendre lueur de ces instants heureux. Subsister, survivre, surmonter les chagrins et les deuils, se laissant flotter sur la fuite du temps, ne plus penser, ne plus rêver, laisser le monde s’accomplir. »

Les Fleurs du silence



J'aime assez ce qu'elle écrit. Je l'ai découverte en lisant L'Ombre des Autres, titre farmérien au possible... et d'ailleurs Mylène Farmer va tenir le rôle principal dans l'adaptation cinématographique de ce livre...

mardi 18 décembre 2007

Pfff

Pfff de Yann Fastier aux éditions du Poisson soluble

Ce petit album carré est d'une belle originalité: dans les nuances de gris (du noir au blanc), agrémentées de jaune, il nous raconte l'histoire d'une petite bougie, de sa première allumette à sa dernière fumée. C'est un album sans texte qui permet de créer ses propres histoires et d'aborder avec les plus petits les thèmes des saisons, des âges, de l'amour, de la mort... Un album d'ombre et de lumière.

lundi 17 décembre 2007

Promenade

Petit texte inspiré justement par la Rançon des ténèbres et comportant des extraits de L'eau et le ciel la chanson de RoBERT (album: Celle qui tue)



Chemin qui serpente. Elle est assise. Elle semble attendre, la tête penchée, perdue dans ses pensées ; celles d’une autre vie. Le chemin est envahi par les herbes. Ses pas n’ont laissé aucune trace. Depuis combien de temps est-elle là ? Promeneuse du dimanche ? Fugueuse d’un amour blessé ? Sa peau est grise. Quel cœur a brûlé ses ailes ? Immobile. Assise sur la pierre. Au soleil avec les lézards. Dans la lourdeur de cet après-midi d’été, où un orage se prépare. Chaleur étouffante ; elle serait mieux à l’ombre sur une terrasse avec ses amis.
Une mélopée s’élève. Elle chante.

L’eau et le ciel, je m’y promène
J’y danse même, oiseau sirène…

Un portail grince. Un homme s’approche. Sombre comme une ombre qui bientôt l’enveloppera. Face à elle, il la contemple. Immobilité éternelle. Une larme s’échappe, perdu dans ses pensées ; celles d’instants meilleurs. Ses pas ont écrasés l’herbe du sentier. Visite à son amour perdu. Un cœur aux ailes brûlées. D’un revers de sa main il enlève les feuilles mortes. Ses paroles sont douces. Il dépose des fleurs à ses pieds. Et un poignard maculé. Elles faneront si le gel ne les condamne pas. Vent vif et froid qui glace les larmes. La statue de pierre ne lui répondra pas.
En partant il fredonne.

Pardonne moi pour cet adieu
De ta fenêtre la nuit tu peux, me voir un peu…

La Rançon des ténèbres

La Rançon des ténèbres de Simon Clark chez Bragelonne

Roman policier teinté de fantastique, la Rançon des ténèbres est un roman prenant. Il vous englue les pensées jusqu'à ce que vous ayez finalement lu le dernier mot. A l'image d'ailleurs de ce mystérieux personnage qu'est Bébé Carcasse, une sorte de fantôme néfaste, sournois et dont on entend parler énormément avant d'enfin l'apercevoir, ne serait-ce qu'une fraction de seconde.
Quant à l'atmosphère... un vieux cimetière où l'on ne serait guère surpris d'y voir surgir un ou deux vampires, trois ou quatre zombies! A défaut, quelques ados qui traînent.
Un roman au style bien marqué, des atmosphères qui inspirent, un vrai suspense.

mercredi 12 décembre 2007

Contes pour faire des rêves en bleu

Monique Chabrol est peintre-enlumineur. Je l'ai rencontré lors d'un salon du livre non loin de Clermont-Ferrand et je lui ai acheté ce livre, Contes pour faire des rêves en bleu. Ce qui m'a évidemment plu ce ne sont pas les textes, des contes et comptines plus ou moins connus, mais les dessins, la calligraphie, tout en bleu et or. Et au-delà, l'objet en lui même: des feuilles épaisses, collées. L'original, le manuscrit était sur Papier Richard de bas (bien d'ici tiens!).

Bref un ouvrage un peu cher (peu d'exemplaires, etc.) mais sympathique quand on aime l'objet livre, les contes et la calligraphie. Juste pour la beauté de l'objet et le plaisir de l'avoir.

mardi 11 décembre 2007

Le blog de Mara

Et puisqu'on est dans le dessin, petit coup de coeur du moment, un blog trouvé par hasard sur le net. J'aime beaucoup ce que fait cette artiste.

http://www.sargas.net/mara/

John Howe

Comment peut-on être capable d'un tel génie dans la vision, dans le coup de crayon, si l'on n'est pas un survivant de l'ancien monde, du troisième âge ou un descendant des elfes, arrière arrière arrière arrière petit fils de nain?
Il en est ainsi, pour moi, de John Howe, qui, avec Alan Lee, ont illustré à merveille le Seigneur des Anneaux, à tel point que leurs dessins ont servis de base pour la conception graphique du film de Peter Jackson (lui-même, comme chacun le sait, étant un hobbit)

http://www.john-howe.com/

Je vous conseille tout particulièrement les livres crées en collaboration avec Madame Claude Clément: La Ville abandonnée et L'Homme qui allumait les étoiles... des chefs-d'oeuvre de poésie et d'évasion, aussi bien par la plume que par le crayon. Si vous voulez un bon aperçu, je vous conseille également le artbook aux éditions Nestiveqnen.

Extraits Nancy Huston

"Mais depuis que le monde est monde, la plus grande partie des passions humaines a tourné autour de choses inexistantes. […] Ces êtres vivent et vibrent en nous, agissent sur nous, influencent nos gestes, nos pensées, nos états d'âme… Les morts sont les invisibles, mais ils ne sont pas les absents… comment peut-on être assez bête pour croire qu'ils n'ont pas d'importance? "

Instruments des ténèbres

lundi 10 décembre 2007

Présentation - Bienvenue - La Bibliothécaire

La Bibliothécaire de Gudule

Quoi de plus naturel pour moi que de commencer en me présentant par le biais de ce livre? Je suis bibliothécaire, en poste depuis peu. Mais étrangement ce n'est pas ce livre qui m'a donné envie de l'être; quoique ça aurait pu.

C'est l'histoire de Guillaume, un petit garçon que l'orthographe et le français n'intéressent pas énormément mais qui va vite se retrouver entraîné dans une drôle d'aventure. Parce qu'il tombe amoureux d'une jeune fille fantasmatique, Guillaume va voyager de livre en livre, de nuit, au sein d'une grande bibliothèque, pour trouver un énigmatique grimoire...

Il doit y avoir dans ce livre certains des éléments qui m'ont fait aimer la lecture: du mystère et de l'improbable, l'intervention du fantastique dans un quotidien un peu gris. Évidemment, un peu d'humour et un peu d'amour.

Alors voilà, bienvenue à tous sur ce blog pour échanger sur vos lectures, sur nos lectures communes ou non, et pourquoi pas sur des films et de la musique. J'aimerai vraiment un max de commentaires et que ça bouge s'il vous plaît!